Face à la magnificence
Pierre-Jean Brassac
Le peintre regarde la mer
qui regarde le peintre.
La mer emplit son regard.
Ses yeux d’arc-en-ciel,
à grands traits, la boivent.
Le peintre regarde la mer,
scrute son personnel horizon.
Y découvre l’image miroir
de ses intentions picturales,
les conditions de sa réalisation.
Il n’est pas sans admirer,
et ne donne à son admiration
nulle image ni présence singulière.
Si quelque dieu attendait de lui
une dévotion, son œuvre en est une.
Le peintre regarde la mer
qui regarde le peintre.
Ce qu’ils ont à se dire
passe par la soie d’une brosse,
par le prisme et l’incandescence.
Quand ensemble ils échangeront
des cargaisons de pigments irisés.
Quand sable et vent s’uniront,
ils feront tableau et figuration
d’une marine magnificence.